FRACASSÉ.E.S
Un texte de Kae Tempest
Pièce pour 3 comédiens
Durée : 1h50
Tout public
Création Saison 21/22
Portrait d’une jeunesse en quête de sens.
Chaque année Ted, Charlotte et Dan viennent se recueillir en banlieue de Londres dans un parc au pied d'un arbre en la mémoire de Tony, leur ami décédé à l’âge de 15 ans. Cela fait 10 ans.
L'occasion pour eux de faire un point sur leurs vies respectives. Entre rêves perdus, amours incertaines et nostalgie, Dan les emmène faire la fête comme au temps où ils étaient ensemble, unis et
insouciants.
Wasted est le premier texte dramaturgique écrit en 2011 par Kae Tempest.
Fracassé.e.s est une adaptation de la pièce Wasted, publiée dans la traduction de Gabriel Dufay et Oona Spengler sous le titre français Fracassés par l'Arche Editeur. www.arche-editeur.com
©Mathilda Gustau
©Mathilda Gustau
Kae Tempest écrit de la poésie, des romans, des pièces de théâtres et du rap. Sa naissance a lieu en 1985 à Brockley au sud de Londres. Provenant d’une famille modeste, iel
connaît une adolescence délicate de personne rebelle attirée par la contre-culture.
Kae Tempest développe assez tôt une passion égale pour la littérature et pour le hip-hop. Ses sources d’inspiration sont Samuel Beckett ou William Blake tout autant que le Wu Tang Clan. À l’âge
de seize ans, iel débute dans le slam et le spoken word en participant à des scènes ouvertes dans le milieu hip-hop.
En 2012, iel publie un premier recueil de poésie Everything Speaks in Its Own Way. Kae Tempest combine à sa manière ses deux passions et propose en 2013 la lecture de son recueil Brand New
Ancients sur fond orchestral. Ce poème épique publié par Picador lui vaut un Ted Hughes Award en 2013.
C’est de manière tout aussi brillante qu’iel sort en mai 2014 son premier disque avec Everybody Down qui sera nominé pour le prix Mercury dans la catégorie premier album.
Iel commence à écrire pour le théâtre en 2011. Ses pièces Fracassés (2011) et Hopelessly Devoted (2013) sont créées en Angleterre et publiées chez Bloomsbury Methuen.
Kae Tempest est reconnue dans le milieu de la poésie spoken word pour son style unique et novateur alliant poésie urbaine, rap et storytelling et pour sa présence scénique exceptionnelle lors de
ses prestations.
En 2016, Bloomsbury publie son premier roman The Bricks that Built the Houses, et iel sort un nouvel album encensé par la critique, Let Them Eat Chaos.
En octobre 2018, Fracassés est traduit et publié par l’Arche Editeur. La première création Française aura lieu à la même date à la Maison de Arts de Créteil par Gabriel Dufay.
Son troisième album The books of traps & lessons sort en juin 2019.
En août 2020, iel change de nom et de pronom passant de Kate Tempest à Kae Tempest et du pronom anglais She/Her à They/Them.
©Julian Broad
Mise en scène Delphine Battour
Collaboration artistique et Scénographie Mathilda Gustau
Interprétation Laure Catherin, Nathan Jousni, Cléa Laizé
Création Lumière et Régie: Claire Gallien
Création Musicale
Raphaël Mars
Création Vidéo Clémence Lesné
Chargée de production Aurore Thomas
©Mathilda Gustau
Ted est un jeune homme d'apparence classique. Il a un travail, des projets, une petite copine depuis longtemps, mais ne se sent pas bien, « je suis malheureux Tony (…) je vais
nulle part, je suis entouré de débiles (…) les semaines passent, et tous les jours c'est la même merde » Il ne supporte plus son quotidien et la routine dans laquelle ils se sont installés avec
sa copine. Ted, est aussi le seul qui était là lors du décès de Tony, nous ne saurons jamais ce qu'il s'est passé en détails, mais l’on comprend que Ted a fait un blocage, une sorte de black out,
et garde en mémoire seulement des sensations de sa relation avec Tony « Toutes ces discussions qu'on a eues, lui et moi, pendant toutes ces années, y'en a pas une dont je me
souvienne.»
Charlotte est professeuse dans un établissement de banlieue avec des élèves en difficultés. Elle ne supporte plus la manière dont les autres professeurs-ses les traites, les
inégalités de traitement et l’injustice de
classe. «Ils sont tous tellement blasés (…) ça fait 30 ans qu'ils font ce boulot et ils le détestent sur toute la ligne (…) je suis quasi sûre qu'ils espèrent secrètement que les gamins vont se
planter (...) J’essaie
de me souvenir pourquoi j'ai voulu faire ça au départ. »
Dan est musicienne dans un groupe depuis des années et travaille dans un bar. Elle est à la mode, se drogue régulièrement, gravite dans le milieu artistique underground londonien
et espère percer avec son groupe ; atteindre la gloire « A chaque fois je me met à fantasmer sur mes concerts à guichets fermés, alors que je joue la même putain de mélodie depuis des
années. ». Elle est follement amoureuse de Charlotte, qui lui apporte un certaine rationalité et stabilité dans son quotidien.
Tony, leur ami décédé, représente le fantasme de leur jeunesse adolescente, ces moments où ils avaient encore des rêves et l’envie profonde de les réaliser. Aujourd'hui, tous ont
l'air de subir leurs vies, sans véritablement oser mettre fin à leurs problèmes. Ils sont emprisonnés dans l'effervescence Londonienne, et n'arrivent plus à penser, à réagir.
Génération «Bored of All»
La force de l’écriture de Tempest est la justesse et la précision de son écriture. Iel écrit sur ce qu’iel connaît. Toutes ces situations, tous ces personnages sont réels car ces personnages nous les connaissons, ce sont nos contemporains.
Les lieux cités par Tempest sont des espaces existants et on ne peut s’empêcher de l’imaginer avoir également passé du temps dans ces parcs, en banlieue de Londres avec ses ami.es à faire la fête le soir, loin des bars, loin des lieux à la mode.
Cette jeunesse c’est celle qui a grandi avec la crainte d’un avenir incertain, avec la crainte du chômage couronné au loin par une retraite inaccessible. La génération « Bored Of All », la génération fracassées.
A l’heure où l’avenir est plus que confus, ce texte est un véritable marqueur du temps, une photographie de la jeunesse actuelle.
Fluidité de genre
Dans la pièce originale le personnage de Danny est un homme. Je décide de changer le genre du personnage, Danny transitionne du masculin vers le féminin. Les modifications de texte se sont portées sur les pronoms elle/il ; les personnages n’étant pas écrit de manière profondément genrés,
la trame et l'histoire ne se trouvent en rien modifiées. D’un couple hétérosexuel nous passons à un couple lesbien.
Ce changement est à lier au refus de binarité de genre de l’artiste : Kate Tempest a annoncé en juillet 2020 sa transition vers Kae
Tempest avec le choix pour pronom neutre en anglais : they/them.
Je porte ainsi une attention particulière à la représentation des personnages et au signifiant de leurs comportements.
J’ai envie de travailler sur la fluidité de genre, notamment pour le moment festif de la pièce. Comment représenter le corps lesbien ou queer et comment réussir à performer ces identités afin de rendre l’expérience esthétique juste ?
Ce changement de genre du personnage de Danny est lié au besoin vital, en temps que personne concernée, de donner de la visibilité et d’occuper l’espace public pour
la communauté LGBTQI+ par le biais d’œuvres contemporaines et d’y présenter des figures d’identification possibles aux plus jeunes spectateur.rices.
Introspection collective
Le climax de la pièce est pour moi le moment où les trois personnages se rendent à une fête dans un hangar en banlieue de Londres.
Dans cette scène, j’explore le contraste entre la lumière puissante, électrique, stroboscopique (lumière noire, laser, lumière club en monochrome rose/bleue/vert/noir ) et la mélancolie de la bande sonore, musique originale composée par Raphaël Mars. Je ne souhaite pas plonger le spectateur en plein coeur d’une rave party. Je veux donner à voir les souvenirs, les vestiges de la fête, les moments que nous gardons en tête les lendemains, les moments drôles, les moments de tendresse entre ami.es déployés en flashback introspectif collectif.
Avec les interprètes nous travaillons sur la distorsion du temps pour signifier ces allers-retours entre présent et souvenirs.
Génération Molly
Danny consomme des stupéfiants tout au long du récit. Cannabis, Cocaïne, Ecstasy sont les trois drogues que nous retrouvons en toile de fond. Kae Tempest n’y apporte aucun regard moralisateur. Leurs présences subtiles sont un élément important pour mon travail avec les interprètes. Quelles réactions physiques et morale ces substances provoquent-elles sur les corps ? Que crée alors ces désinhibants, ces amphétamines, ces psychotropes sur la façon dont les personnages vont se parler, vont se déplacer dans l’espace et surtout pourquoi l’utilisation de cette drogue à ce moment ? Je prends en compte cet usage comme un élément dramaturgique essentiel à la composition des personnages et au déploiement du récit.
L’omniprésence des stupéfiants nous amène également à une réflexion plus globale : quel est ce système qui pousse certain.es d’entres nous à avoir recours à
des substituts illusoires afin de survivre à la violence subie au quotidien ?
Langage commun
Le texte se compose de 5 scènes où s’y intercale 5 chœurs. Dans la pièce traduite par Gabriel Dufay, les chœurs sont en français. Je décide de garder la langue anglaise originale afin d’y apporter un travail de spoken word, accompagné d’une création sonore. L’objectif étant de retrouver l’intensité et la poésie du choix des mots de l’artiste.
Je m’inspire de la forte présence scénique de Tempest afin de créer un lien étroit, unique entre le.la spectateur.trice et les interprètes, sorte d’élévation quasi mystique, magique. Un endroit de communion qui crée un nouveau langage, celui de l’émotion pure.
Quand la fiction joue avec le réel
La pièce ayant été écrite en 2011, les réseaux sociaux et l'omniprésence des smartphones n’avaient pas le même impact dans le quotidien qu’aujourd’hui. Nous avons donc envie de faire apparaître ces nouveaux médiums par le biais d’une insertion vidéo. Grâce à ce procédé, le.la spectateur.rice plongera dans l’univers de Danny : envoi de textos, appel pour donner un point de rencontre, selfies, post de « story » instagram. Il s’agira de représenter l’intimité des préparatifs à une fête, et notamment des moments faisant partie intégrante du rituel: choisir ses habits/costumes ; boire des verres entres ami.es ; prendre le bus/vélo, ect.
Un compte Instagram sera ouvert pour le spectacle et plus spécifiquement pour le personnage de Danny, qui postera tous les soirs de représentation les images en direct de la représentation. Un jeu entre fiction et réalité se mettra en place entre les personnages et les spectateur.rices.
Delphine Battour
Octobre 2020
©Mathilda Gustau & ©Élodie Le Gall
La Paillette, Maison des jeunes et de la culture - Rennes
Théâtre Aire Libre - Saint Jacques de la Lande
La Maison du Théâtre - Brest
Au bout du plongeoir et la Coopération Nantes-Rennes-Brest-Rouen - Itinéraires d’artiste(s) -
et le soutien de la DRAC de Bretagne dans le cadre du Plan de Relance 2021
Festival FRAGMENTS - La Loge (Paris), Le Grand Parquet - Théâtre Paris Villette
La Région Bretagne
La Ville de Rennes
Aide à la création du Ministère de la Culture – DRAC de Bretagne -Fonds d'insertion de l'École du TNB
Spectacle Vivant en Bretagne (soutien à la mobilité)
Octobre 22 - Le Tambour, Université rennes 2
7 & 8 Avril 2022 - La Paillette, Festival Mythos - Rennes
31 Mars 2022 - La Maison du Théâtre, Brest
19 & 20 octobre 2021: Le Grand Parquet, dans le cadre du festival FRAGMENTS - Paris
Interview de Delphine Battour par le service culturel de l'université de Rennes 2 -
L'imprimerie Nocturne - Avril 2022
C-LAB - Interview de Delphine Battour et Cléa Laizé, Avril 2022
Ouest-France, Mars 2022
L'imprimerie Nocturne - Février 2022