Création 2016


Une puce, épargnez-la

de naomi wallace

Pièce pour 5 acteurs

Durée > 2h

 

Mise en scène

> Delphine Battour

Collaboration artistique / Scénographie

> Marianne Rivierre

Création Lumière

> Lucas Samouth

Administration

> Aurore Thomas

 

Distribution

Melvin Coppalle > Kabe

Eve-Laure Lacroix > Darcy Snelgrave

Martin Jaffré > Bunce

Melanie Degals > Morse

Geoffrey Jollivet > William Snelgrave


Festival VACARME / Novembre 2016 / Louise Quignon

Résumé

1665. Londres. Une grande épidémie de peste se propage dans toute la ville et ravage un quart de la ville. La Cour et les plus riches ont fui la région londonienne. Le commerce s'est arrêté, laissant sans travail les plus pauvres qui désormais errent dans la ville à la recherche de nourriture et d'un toit. Un soir, un marin s'introduit dans une maison qu'il pense vide. Une jeune fille, Morse le suit. Au matin, le couple Snelgrave les découvrent et essaient de les cacher du garde Kabe. William et Darcy Snelgrave, riches bourgeois dirigeant l'un des plus grand Conseil de la Marine, sont contraints de rester enfermés en quarantaine suite aux décès de leur serviteurs, atteints de la peste. Suite à l'intrusion dans la maison, Kabe leur ordonne de recommencer leur quarantaine au début. Forcés de rester tous les quatre enfermés dans la maison pendant vingt-huit jours, les relations de pouvoirs vont peu à peu s'inverser.

Note d'intention

La grande épidémie de peste a ravagé plus de vingt pour cent de la population Londonienne. En quelques mois, quatre-vingt mille personnes ont trouvé la mort dans la solitude la plus extrême. Les charlatans affluaient dans les rues, inventant de multiples remèdes pour les désespérés .

On a vu des parents abandonner leurs enfants, des couples se déchirer incapables de pouvoir faire face à une maladie aussi terrible. Les corps se déforment, l'odeur du vinaigre et de la mort règne en maître dans les ruelles. Entre folie et désespoir, les cris retentissent et émanent des fenêtres ouvertes, car l'été 1665 fût l'un des plus chaud de son époque.

L'épidémie devient peu à peu une vengeance de Dieu qui gardera en vie les personnes de bonnes mœurs. Dans une atmosphère mortuaire, de crainte envers son voisin, de crainte envers sa famille, envers ses amis, comment est-ce que les relations humaines peuvent- rester humaines ?

A travers le texte de Naomi Wallace, nous axons notre travail sur les thématiques de l'attente et l'enfermement (la quarantaine). Face à la mort, les inégalités sociales

s'estompent et la nature reprend le dessus.

Entre tension sexuelle, et rapport de domination, les cinq personnages évoluent au sein d'un seul espace. Peu importe leur origine sociale, tous essayent de survivre. Il est aussi question de corps, fatigué, abimé, blessé. Comment l'amour se fragilise, et comment le puritanisme peut au nom d'une morale chrétienne détruire les gens. Mais il est aussi question d'amour, de désir et fantasme envers Bunce le marin. Malgré sa condition sociale, tous envient sa liberté. Sa liberté d'aimer qui il désire, sa liberté de pouvoir naviguer, découvrir de nouveaux pays et de nouvelles mœurs.

Comment alors représenter sur scène cinq personnages qui n'ont qu'un seul point commun, celui d'être vulnérable face à la peste ?

 

Delphine Battour

Metteure en scène


Extrait- Scène 6

BUNCE.- Vous avez de belles chaussures, monsieur. Je n'en ai jamais vu de si belle de si près.

 

SNELGRAVE.- Elle m'ont coûté aussi cher qu'un habit de soie. Un peu étroites pour mes cors, mais c'est du vrai cuir de gentilhomme. Je gagerais votre vie que vous ne porterez jamais de chaussure aussi fines que celle-ci.

 

BUNCE.- Moi je gagerais deux de mes vies, si je les avais.

 

SNELGRAVE.- Une petite leçon : la tradition veut que vous, pauvre marin, ne portiez jamais de telles chaussures. Et pourtant le cours de l'histoire, qui est inflexible comme la pierre, peut tout à coup changer. Il suffit d'un petit coup de poignet. Ou plutôt de cheville, en l’occurrence. Observez ma démonstration. Mettez-les.

 

Snelgrave quitte ses chaussures.

 

BUNCE.- Pardon ?

 

SNELGRAVE.- Mettez mes chaussures à vos pieds.

 

BUNCE.- Mes pieds sont sales, monsieur.

 

SNELGRAVE.- Eh bien prenez d'abord mes chaussettes.

 

Bunce tient les belles chaussettes devant lui et les examine.

 

Eh bien allez-y.

 

 

Bunce enfile précautionneusement les chaussettes, puis les chaussures. Les deux hommes se tiennent côte à côte, chacun regardant tour à tour ses propres pieds et ceux de l'autre. Snelgrave remue ses orteils nus.

 

Alors. Que voyez-vous ?

 

BUNCE.- Je vois monsieur sans ses chaussures. Et son nouveau serviteur. Il porte de très belles chaussures.

 

SNELGRAVE.- Et l'Histoire ? Qu'est-ce que l'Histoire vous enseigne à présent ?

 

BUNCE.- Je ne suis pas sûr de bien comprendre, monsieur.

 

SNELGRAVE.- Du point de vue de l'Histoire, les pauvres ne pourraient pas se mettre aux belles chaussures. Ils ne l'ont jamais fait et ne le feront jamais.

 

BUNCE.- En ce moment je porte de belles chaussures.

 

SNELGRAVE.- Oui, mais seulement parce que je le permets. J'ai donné à l'Histoire une toute petite tape sur l'arrière-train, et pendant un instant une chose très étrange se produit : vous êtes dans mes souliers. Cependant ce que nous voyons n'est pas vrai. C'est une illusion, car je ne pourrais jamais changer le fait que vous ne porterez jamais de belles chaussures.

 

 

Une Puce Epargnez-La, Naomi Wallace

traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Dominique Hollier

édition THEATRALES


Résidences

Décembre 2015 / Hôtel Pasteur (Rennes)

Février 2016 / Hôtel Pasteur (Rennes)

Mai-Juin 2016 / Théâtre du Cercle (Rennes)

Septembre 2016 / Salle Odette Simonneau (Melesse)

REPRÉSENTATION

 Une Puce Épargnez la  a été joué lors du festival VACARME!  le vendredi 4 novembre 2016 à l'Hôtel Pasteur.

 

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